Les premiers chrétiens se considéraient comme un élément constitutif de leur propre monde : "ce que l'âme est au corps, les chrétiens le sont au monde".
Ils ne se distinguaient pas des autres hommes de leur temps, ni par leur tenue, ni par leurs insignes, ni par une citoyenneté différente.
Chacun des premiers chrétiens occupait une place dans la structure sociale de son temps, la même que celle qu'il occupait avant sa conversion. S'il était esclave, il n'a pas perdu son statut en devenant chrétien, même si sa vie a acquis une dimension surnaturelle. Cette attitude chrétienne entraîne une grande ouverture à l'assimilation des valeurs positives qui existaient dans le paganisme. C'est ainsi que saint Justin commentait les penseurs païens : "Tout ce qu'il y a de bon dans chacun d'eux nous appartient aussi, à nous chrétiens".
(cf. Encyclopédie GER)
"Les chrétiens ne se distinguent pas par le pays où ils vivent, ni par la langue qu'ils parlent, ni par la manière dont ils s'habillent. Ils ne s'isolent pas dans leurs villes, ils n'utilisent pas de langues particulières : leur vie même n'a rien d'étrange.
Leur doctrine n'est pas issue des disquisitions d'intellectuels et ils ne suivent pas, comme tant d'autres, un système philosophique, fruit de la pensée humaine. Ils vivent dans des villes grecques ou étrangères, selon les cas, s'adaptent aux traditions locales, tant dans l'habillement que dans la nourriture, et témoignent dans les choses quotidiennes d'un mode de vie qui, de l'avis de tous, a quelque chose d'extraordinaire".
(2e-3e siècle, Lettre à Diognète)
"J'honorerai l'empereur, mais je ne le vénérerai pas; je prierai cependant pour lui. J'adore le vrai et seul Dieu par lequel je sais que le souverain a été créé. Vous me demanderez alors pourquoi vous n'adorez pas l'empereur. L'empereur, de par sa nature, doit être honoré avec la déférence qui lui est due, et non pas adoré.
Il n'est pas Dieu, mais un homme que Dieu a désigné non pas pour être adoré, mais pour exercer la justice sur terre. Le gouvernement de l'État lui a été confié d'une certaine manière par Dieu. Et de même que l'empereur ne peut tolérer que son titre soit porté par ceux qui lui sont subordonnés - personne, en effet, ne peut être appelé empereur - de même personne ne peut être adoré en dehors de Dieu.
Le souverain doit donc être honoré avec des sentiments de révérence, il doit être obéi et prié. C'est ainsi que s'accomplit la volonté de Dieu.
(SAINT THÉOPHILE D'ANTIOCHE IIe siècle, Livres à Autolytus)
"On nous accuse d'être improductifs dans les différentes formes d'activité. Mais comment peut-on dire cela d'hommes qui vivent avec vous, qui mangent comme vous, qui portent les mêmes vêtements, qui suivent le même mode de vie et ont les mêmes besoins ?
Nous acceptons de rendre grâce à Dieu, notre Seigneur et créateur, et de ne refuser aucun fruit de son œuvre. Nous utilisons les choses avec parcimonie, pas de manière inconvenante ou malveillante. Nous vivons ensemble et fréquentons le forum, la place du marché, les thermes, les boutiques, les ateliers, les étables, en participant à toutes les activités.
Nous naviguons aussi avec vous, nous servons dans l'armée, nous cultivons la terre, nous faisons du commerce, nous échangeons des biens et nous vendons le fruit de notre travail pour votre usage. Je ne comprends sincèrement pas comment nous pouvons sembler inutiles et improductifs dans vos affaires, alors que nous vivons avec vous et de vous.
Oui, il y a des gens qui ont des raisons de se plaindre des chrétiens, parce qu'ils ne peuvent pas commercer avec eux : ils sont les protecteurs des prostituées, des voyous et de leurs complices ; ils sont suivis par les criminels, les empoisonneurs, les enchanteurs, les diseurs de bonne aventure, les sorciers, les astrologues... C'est merveilleux d'être improductif pour ces gens-là !.... Et puis, dans les prisons, on ne trouve jamais un chrétien, à moins qu'il ne soit là pour des raisons religieuses. Nous avons appris de Dieu à vivre dans l'honnêteté.
(TERTULIEN, IIe-IIIe siècle, L'Apologétique)
par www.primeroscristianos.com